mercredi 25 juin 2008

Dracula et la solidarité

L'altruisme, vision de l'esprit ou réalité? Qu'elle que soit la réponse à cette question, ce que nous appelons l'altruisme (intéressé ou non) existe également dans le monde animal à différents degrés. Le cas de la chauve-souris vampire (la terreur de 15 grammes) est tout à fait intéressant. Ces petits mammifères aux longues dents se nourrissent principalement de sang (et de petits insectes à coté pour que ça croustille un peu aussi), mais pas de panique, le sang humain ne semble pas leur convenir, ils savourent davantage le sang d'animaux de ferme. Par ailleurs, il est bon de préciser que les chauves souris vampires ne sucent pas le sang mais le lapent après avoir blessé l'animal endormi.

Chauve-Souris vampire

Ce qui fait la particularité de cet animal, c'est sa fragilité physique, en effet, pour survivre, ces charmants animaux doivent se nourrir le plus souvent possible et ne pas excéder 2 jours de diète. Si tel est le cas, il perd tellement de poids que mort s'ensuit très rapidement. Sachant cela, les chauves-souris ont élaboré une stratégie : s'entraider. Lorsqu'une pauvre petite revient dans la grotte sans avoir pris son dîner, elle peut aller demander un peu de sang à ses comparses. Ces dernières lui font don d'un peu de leur espérance de vie en lui fournissant ce sang (elle le régurgite en bouche à bouche), mais elles le font quand même. Pourquoi?

Chauve souris Vampire

L'altruisme, c'est aider son prochain, et cela peut, dans certains cas amener à ce qu'on appelle "la reconnaissance". Ainsi, une chauve souris qui donnera du sang a aussi plus de chance d'en recevoir si elle même se retrouve dans la misère un jour. La reconnaissance est de plus largement renforcée par les liens de parenté entre les individus. En effet, les chauves souris vampires, comme la plupart à ma connaissance, sont des êtres coloniaux, qui se partagent le plafond des grottes. D'après les études nombre d'individus sont liés plus ou moins par le sang, renforçant l'entraide (on a tendance à favoriser ses proches qui possèdent souvent les mêmes gènes et donc perpétuent notre propre patrimoine : c'est la sélection sur le gène).

Deux bébés chauves souris vampires (c'est moche mais un peu moins que les parents quand même)

En conclusion, comme dans 99,9% des cas, l'altruisme n'est pas mué que par de la pure bonté, souvent se cache derrière les apparences un intérêt, qu'il soit personnel (le geste que je fais ici me sera rendu à l'avenir), ou génético-social (je perpétue mes gènes). Ca fait pas forcément plaisir à entendre, mais c'est très certainement vrai.


Petite anecdote : l'anticoagulant se trouvant dans la salive des chauve souris vampire est appelé Draculine ;)

dimanche 22 juin 2008

Qui vous fera gober ça?

Vous ne vous êtes jamais demandé comment certains serpents faisaient pour gober et surtout digérer des œufs trois fois plus gros que leurs têtes? Moi en tout cas oui, et j'ai trouvé la réponse dans l'excellente émission de la BBC "Life in Cold Blood" présenté par le célèbre David Attenborough.


Les serpents ont un appareil buccale très particulier qui leur permet une ouverture très impressionnante. Les deux demi mâchoires inférieures sont reliées par un ligament élastique, permettant à celles ci d'avancer ou de reculer indépendamment l'une de l'autre (ce qui fait avancer l'œuf dans la gueule par exemple). Le second élément connférant à la machoire du serpent son élasticité, c'est l'os carré au fond de la gueule. Celui ci offre au serpent, une ouverture proche de 160°!


D'accord, donc maintenant on comprend comment un si gros œuf peut passer dans une si petite (à première vue) bouche. Maintenant, sachant que l'œuf est gobé, comment fait le serpent pour le digérer? Hé bien le Serpent se sert de son corps pour casser l'œuf, ce dernier descend dans le tube digestif jusqu'à une zone où la colonne vertébrale du serpent possède des "piques" sur la face ventrale de l'os. Le Serpent se contorsionne jusqu'à ce que l'œuf soit écrasé par la pression de la colonne, et les piques servent à ouvrir la membrane : Regardez par vous même :





Pas mal n'est ce pas? Se servir de son squelette pour manger, je trouve ça plutôt classe! En tout cas, je conseil à tout amoureux de la nature de regarder ces émissions de la BBC, qui sont toujours d'une excellente qualité et vraiment passionnantes.


mercredi 18 juin 2008

Le Paludisme, un parasite qui vous veut du mal

Les parasites nous inspirent dégoût et répulsion, cependant il serait vraiment dommage et dommageable de ne pas s'intéresser à ces êtres vivants qui sont, selon moi, une source d'étonnement perpétuel.
Le paludisme (ou malaria) en est le parfait exemple, cette parasitose est due à un petit unicellulaire appelé Plasmodium qui nous est transmis par les anophèles femelles (moustique) lors de piqûres (les moustiques mâles ne piquent pas). Cette maladie est la plus mortelle au monde, avec près de 1,5 à 2,7 millions de décès par an, et touche principalement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Il n'existe malheureusement aucun vaccin et pas de traitement outre ceux permettant de ralentir l'infestation. Vu l'importance de cette maladie, il semble essentiel d'en comprendre le mécanisme et les stratégies mises en place par Plasmodium, afin de comprendre le pourquoi du comment.

Répartition du paludisme dans le monde

S'il est si difficile de trouver un remède contre ce parasite, c'est que ce dernier a développé des systèmes de protection extrêmement sophistiqués. Partons du moustique, ce dernier nous pique, injectant avec sa salive une série de Plasmodium qui vont dès lors se diriger vers le foie et infester les cellules hépatiques. A l'intérieur de ces dernières, le parasite va se multiplier de façon très intense et non sexuée (c'est à dire qu'une cellule mère de Plasmodium se divise en deux cellules filles de Plasmodium). Les cellules du foie finissent par éclater sous le nombre de Plasmodium à l'intérieur, provoquant chez l'homme des hémorragies. Une fois libre, les petits parasites vont dans le sang et rentrent dans les hématies (globules rouges) pour se multiplier à nouveau. Les parasites échappent ainsi au système immunitaire, qui ne détecte pas les malotrus planqués dans des cellules "normales" (faisant partie du "soi").

Plasmodium dans le cytoplasme d'une cellule

Le premier problème de Plasmodium, c'est que le sang passe naturellement dans la rate afin de recycler les hématies vieilles ou en mauvais état. Si cela se produit, c'est la fin du parasite, ce dernier a donc établi une stratégie pour éviter de passer à la casserole : il exprime des protéines membranaires qui font adhérer les hématies aux parois des vaisseaux sanguins. Ainsi, ils s'agglomèrent, empêchant le passage dans la rate et facilitant le passage d'une hématie à l'autre pour le parasite. Mais cette solution apporte aussi un lot de problèmes, par ces protéines membranaires, le parasite risque d'être repéré par le système immunitaire de son hôte, alors une nouvelle stratégie a été mise en place : Plasmodium possède des gènes "mosaïques" qui permettent de changer très régulièrement de protéines membranaires (elles ont la même fonction mais changent de composition), par conséquent, notre système immunitaire n'a jamais la possibilité de reconnaître et combattre Plasmodium.

Résumé du cycle de vie de Plasmodium (l'Homme est l'hôte intermédiaire, ou vecteur, et le moustique est l'hôte définitif)

En bref, nous n'avons aucun moyen de lutter efficacement contre ce parasite dans notre propre corps, et lui provoque des dommages très importants, en faisant éclater les cellules hépatiques et sanguines, et en provoquant des bouchons dans les vaisseaux sanguins entraînant parfois la mort. Mais l'histoire de ce parasite ne se termine pas là. Dans le sang, des formes sexuées (gamètes) sont produites, et seront aspirées lors d'une seconde piqûre de moustique! Une fois dans l'estomac, les gamètes doivent se défendre contre les défenses immunitaires du moustique, pour cela, elles sécrètent un immunodépresseur qui permet au parasite d'avoir le temps de se reproduire (deux gamètes fusionnent), par la suite, l'oeuf formé se cache en se couvrant de cellules de moustique. Une fois l'oeuf arrivé à maturité, ce dernier éclot, donnant une quantité de petits plasmodium qui migrent vers les glandes salivaires de l'anophèle. Les sporozoïtes provoquent la destruction de l'anticoagulant du moustique, par conséquent, dès qu'il pique, le sang coagule et le moustique ne peut plus aspirer le sang, il lui faut donc piquer de nombreuses fois pour parvenir à ses fins, et en parallèle, il semblerait que le parasite brouille totalement le sentiment de satiété de l'anophèle, la rendant avide de sang et sans peur de se faire tuer.

Anophèle en pleine action

Ainsi, ce minuscule unicellulaire, comme vous avez pu le constater à développé au cours de l'évolution des techniques extraordinaires de survie dans des milieux hostiles. On comprend donc mieux ainsi pourquoi certaines parasitoses sont si difficiles à soigner tant elles sont complexes à de nombreux niveaux. Mais les études se multiplient et aboutissent à des choses très intéressantes, de quoi raviver l'espoir de trouver un jour un remède!

mardi 17 juin 2008

Le bon, la brute et le truand

Au Etats-Unis, on peut trouver un lézard à flancs tachés dont les mœurs sont plus que surprenantes. Les mâles, dans le but de séduire les femelles, ont élaboré trois grandes techniques de « séduction ». L’un se la joue coureur de jupon, se réservant un harem de 3 à 5 femelles, le second est plutôt un romantique, fidèle et protecteur d’une unique demoiselle, et le dernier est un filou, volant les promises des autres dès qu’il en a l’occasion.

Ces trois types de mâles exhibent chacun une couleur au niveau de leur gorge qui indique à quel type de mâle les femelles vont avoir à faire. Les premiers portent de l’orange, les seconds du bleu et le troisième du jaune. Ce polymorphisme chromatique a été conservé malgré les guerres intestines que se font ces 3 castes et il semblerait d’ailleurs que ces batailles soient cycliques. En effet, lorsque les oranges dominent la situation, ils ont tendance à avoir les yeux plus gros que le reste et ne savent plus vraiment où donner de la tête, en conséquence, les jaunes se font une joie de voler les femelles qui ne sont pas assez veillées. Et cette situation permet également aux bleus de revenir dans le système, car les femelles des bleus, elles, sont imprenables. Mais aucun règne n’étant éternel, les bleus se font détrôner par des oranges plus fort physiquement et plus bagarreurs qui ne veulent pas finir en reste. Et le cycle de couleur recommence à nouveau pour une durée de 3 à 4 ans.

Ce polymorphisme peut sembler surprenant au premier abord, mais il se révèle fort utile pour éviter aux mâles des combats inutiles et pour les femelles de choisir le type de partenaire qui convient le mieux en fonction des circonstances.

Chez les humains, ces stratégies de séduction existent également, mais heureusement, nos signaux sont tout de même plus discrets !



Ce système à été décri par Barry Sinervo

Le club des cinq

Je suis de retour pour vous jouer un mauvais tour (pour ceux qui ont compris la référence, je vous prie de faire silence). Je suis dans mon dernier jour de stage terrain dans les Cévènnes et je retrouve la pollution de Paris dès demain. Entre les partiels et ces 10 jours de chasse aux lézards, mon blog a été largement délaissé, mais comprenez que là où je suis, Villefort, il n’y a même PAS internet.
Cela faisait déjà plusieurs mois que j’étais en stage dans ma fac en même temps que je suivais mes cours, mais là ce fut ma première expérience terrain, et quelle expérience !!! J’ai participé à une étude sur des lézards ovovivipares vivant en altitude dans les Cévènnes, et je dois dire qu’entre les séances des captures dans les fourrés et les jeux de cartes le soir, ce fut une semaine haute en couleur !

En tout cas je conseille à tout étudiant de se lancer dans ce genre d’expérience de terrain qui est à la fois enrichissante scientifiquement mais encore plus humainement. Et je dis à bas les préjugés, il existe des gens qui emploient des stagiaires tout au long de l’année et de tout niveau.

De plus grâce aux rencontres que j’ai faîtes, je vais vous concocter des articles sur des animaux dont personne n’a encore entendu parler, héhé.

Aller, à très très bientôt les amis !